Thème d’un roman

Pourquoi et comment ?

Comment décide-t-on du sujet sur lequel on va noircir des pages et des pages ? Et pourquoi décider de l'aborder sous forme de roman ?

Pour ma part, j’ai choisi le roman parce que cela m’a toujours ennuyée de lire des ouvrages factuels : je préfère me laisser entraîner dans une histoire qui me fera subtilement réfléchir aux problématiques qu’elle met en scène. Et pour ce qui est du thème, je suis convaincue que c’est le thème qui s’impose à l’écrivain, et non l’écrivain qui choisit son thème.

Je pense avoir repéré trois principales raisons pour lesquelles on écrit. Par « écrire », j’entends bien sûr écrire dans le sens littéraire, pas dans le sens « écrire une carte postale à sa grand-mère » ou « écrire des petits mots sur le cahier de son voisin de classe », même si, je vous l’accorde, il y a tout un tas de bonnes raisons à ça.

« Activité d’apparence inoffensive, inventer des fictions est une manière d’exercer la liberté ou de se battre contre ceux qui souhaiteraient l’abolir. »

 

Mario Vargas Llosa dans Cartas a un joven novelista

I – Écrire parce qu’on est un rebelle

Écrire, c’est d’abord faire preuve d’un esprit rebelle. À l’occasion de la réalisation de mon mémoire de littérature, en 2e année de master, je me suis penchée sur l’œuvre de Mario Vargas Llosa, éminent écrivain et homme politique péruvien qui a écrit Cartas a un joven novelista (dans sa version française, Lettres à un jeune romancier).

Cet ouvrage, qui s’adresse à tout apprenti écrivain, se présente sous forme de lettres contenant des conseils et des techniques de narration.

Et dans les premières pages, Vargas Llosa affirme, à mon sens très justement, que « la vocation littéraire est quelque chose qui vient de l’intérieur et dont le point de départ est une libre élection associée à une propension à s’éloigner du monde réel ».

La littérature, donc, serait le produit d’une intime insatisfaction envers la vie telle qu’elle est

 

C’est d’ailleurs pour cela, explique Vargas Llosa, que l’Inquisition espagnole aurait interdit les fictions dans les colonies américaines pendant 300 ans. Car la littérature était susceptible de faire réagir les masses en leur permettant de se rendre compte de la médiocrité de leur réalité et en leur donnant envie d’en changer

 

II – Écrire pour partager

Pour ma part, je suis consciente de m’exprimer mieux à l’écrit qu’au beau milieu d’un débat oral où l’on me demanderait par exemple de répondre en direct pour donner mon avis sur une question. Par écrit, mes idées sont mieux organisées, mieux illustrées, et j’ai l’impression d’avoir un plus grand pouvoir de persuasion.

À partir de ce constat, je dirais qu’écrire, pour ceux qui en ressentent le besoin, c’est d’abord partager ses idées pour essayer de faire réfléchir son lectorat. Et c’est là toute la magie de l’écriture. N’importe quel thème peut être rendu intéressant, voire captivant, si on sait l’aborder en y mettant les formes et le styles.

En conclusion, les bons romans ne racontent pas : ils font vivre et partager.

 

III – Écrire pour s’exorciser

Écrire sur des thèmes qui nous touchent, voire des traumatismes, peut nous permettre d’entamer un processus de guérison grâce au fait de mettre tout ça par écrit.

Dans mon cas, J-7 évoque les conséquences du harcèlement scolaire, soit une situation que j’ai malheureusement subie pendant ma
scolarité. Et j’ai pu observer que depuis que j’ai écrit sur le sujet, j’ai moins de difficulté à évoquer cette période. Il y a eu une époque
où, à chaque fois que j’en parlais, je me mettais à pleurer.

À présent, je peux en parler de manière détachée. Cela fait partie de mon passé, mais ne me touche plus dans ma vie actuelle.
Écrire peut aussi beaucoup aider à sortir le mal-être qu’on peut avoir en nous lors d’une rupture amoureuse ou de la perte d’un être cher.

En conclusion, l’invention pure n’existe pas en littérature. Toute histoire se base sur l’expérience de celui qui l’invente, même s’il s’agit d’une tentative de créer un monde distinct de celui dans lequel l’écrivain vit.